Etat d’esprit des Mauriciens : la goutte d’huile qui fait déborder le vase ?
Sondage réalisé auprès des Mauriciens de + 15 ans du 21 au 28 août 2020 – échantillon national – 500 répondants.
La vague de protestations sans précédent qui suit l’épisode tragique du naufrage du Wakashio et de la marée noire dans le sud-est de l’île Maurice, semble indiquer un tournant dans la société mauricienne et sa jeune démocratie peu habituée à la revendication publique.
Le naufrage et la crise écologique qui a suivi, surviennent dans le contexte très particulier de la pandémie du Covid-19 et de la crise économique. En effet avant ce naufrage, l’indice de confiance des Mauriciens était déjà au plus bas (53), niveau jamais constaté dans notre étude CCI*. Dans un moment si particulier, où les peurs de lendemains encore plus difficiles sont fortes parmi une majorité de foyers, la catastrophe revêt une dimension sociale nouvelle, amplifiée par la forte mobilisation des générations Y, les Millennials (25-44 ans).
La catastrophe écologique : une brèche dans la fierté des Mauriciens
Si l’impact économique et sur la santé est mentionné par plus de 7 Mauriciens sur 10, c’est l’impact écologique qui les touche le plus. Les Millennials, la génération Y, âgée de 25 à 44 ans, celle qui travaille, qui bâtit l’avenir du pays, celle à qui on a tout promis, est la plus touchée, avec 92% d’entre eux qui se sentent concernés.
Les sentiments exprimés devant cette catastrophe sont forts: pour 77% d’entre eux c’est de la Tristesse qui est ressentie, pour 68% de la Colère et enfin 43% ressentent de la peur et de l’angoisse.
Globalement, les Mauriciens pensent que cette catastrophe affecte tout le pays et pas seulement la région ou les habitants de Mahebourg – ils se montrent solidaires. Quasiment à l’unanimité (>90%), ils pensent que cela va affecter très négativement la vie des pêcheurs et que les poissons qui seront pêchés dans cette région seront dangereux pour la santé. L’impact négatif sur l’image du pays et sur l’industrie touristique est souligné par plus de 80% des interviewés.
D’ailleurs, moins de 45% d’entre eux pensent que les compensations financières vont permettre de régler le problème.
Une confiance à rebâtir avec les institutions
Les différentes études sociales et générationnelles menées par Kantar depuis des années, nous ont permis de constater l’effritement de la confiance dans les institutions publiques, alors que les banques, radios privées et organismes religieux sont respectés. Le naufrage et l’épanchement d’huile et de carburant qui ont suivi, ont encore plus fragilisé cette confiance. Le besoin d’informations fiables est clairement exprimé.
Les Millennials sont les plus mécontents, avec 78% d’entre eux qui déclarent désapprouver la façon dont le gouvernement mauricien réagit face à cette marée noire. Parmi les générations Z (15-24 ans), le niveau d’incertitude est plus élevé.
En revanche, les ONG et le secteur privé sont perçus comme ayant réagi vite et voire très vite.
POUR SUIVRE L’ÉVOLUTION DE LA SOCIÉTÉ MAURICIENNE :
FUTURE LIFE ® une analyse de l’évolution de la société mauricienne pour anticiper et s’adapter : consommation, conscience environnementale, éducation, santé, travail.
*Étude Kantar CCI – publiée sur notre site chaque trimestre
KANTAR (Océan Indien)
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