2021 : Evolution des comportements des Mauriciens
CHANGEMENT 4 : Le travail n’est plus une priorité
Le travail n’est plus au cœur des priorités des Mauriciens, même si ne plus en avoir reste un problème d’envergure.
Seulement 7% des Mauriciens citent le travail comme leur priorité, et au total 30% le cite en 1ère, 2ème ou 3ème priorité, contre 69% pour les relations familiales et 59% pour leur santé.
Les analyses sur l’engagement, qu’il soit citoyen, client ou employé, rejoignent le même constat : le manque de sens. Le travail n’est plus considéré comme l’ultime réussite sociale par les plus jeunes. Les entreprises, tournées vers leur performance financière, ont tenté de mettre en place des programmes d’engagement. Cependant, il manque le plus important souvent dans ce type de stratégie : une vision du sens et de l’utilité du travail et de l’entreprise dans un schéma plus global et sociétal.
Un marché du travail en mutation:
Malgré les barrières administratives qui ont été mises en place, l’arrêt brutal de la croissance et de l’activité touristique a largement impacté l’emploi à Maurice. Après des années de quasi plein emploi, l’économie mauricienne est à un point de fracture. Les faiblesses préexistantes dans le secteur manufacturier, dans le tourisme et le secteur financier sont amplifiées par la pandémie et les mesures de restriction de circulation internationale qui y sont liées.
De plus, l’incertitude sur l’ouverture des frontières et l’inscription sur la liste noire des centres financiers de l’Union Européenne ne fait que renforcer cette période trouble et par conséquent la prudence et la frilosité des entreprises quant à l’embauche et au développement.
Il semblerait que la répartition sectorielle de l’emploi soit en train d’évoluer sous la contrainte mais également soutenue par la recherche de sens des Mauriciens dans leurs actions. Les grands groupes par exemple s’orientent vers des secteurs qui n’impliquent pas la dépendance internationale et favorisent le développement des ressources locales. Le positionnement local se dessine comme une nouvelle tendance de l’économie mauricienne, favorisant ainsi un secteur agricole en berne depuis plusieurs années.
Le télétravail a été une parenthèse révélatrice lors du dernier confinement.
Expérimenté par 1/3 des employés, le télétravail a été une expérience plutôt positive, même si plus d’un tiers des Mauriciens souhaitaient un retour au bureau afin de remettre de la distance entre leur vie personnelle et professionnelle. En revanche, pour presque un Mauricien sur deux, le télétravail est une opportunité pour équilibrer ses responsabilités et passer plus de temps en famille. Après ce premier confinement, 15% des Mauriciens souhaitaient un télétravail à temps partiel. Cette expérience vécue sous la contrainte a demandé de l’adaptation mais a définitivement était aussi l’occasion de se questionner sur son schéma de vie et pour la moitié de le remettre en question. Le télétravail a contribué à bousculer les styles de vie. Les employeurs ont plutôt été mis au pied du mur : 58%* des entreprises ont testé le télétravail pour, au moins, une partie de leurs équipes. en 2020.
Evidemment, ce deuxième confinement va permettre de renforcer cette expérience et continuer la transformation digitale des organisations.
Malgré ce climat bien instable, l’envie de faire autre chose bourgeonne, de changer de travail (de mode de vie), de pays.
La redéfinition du bonheur et la valorisation des choses simples donnent du courage aux Mauriciens qui hésitent moins à faire des choix professionnels drastiques alors que le marché est morose. Les secteurs social, culturel et collaboratif ou encore la production agricole sont prisés dans le cas des nouvelles orientations. Ce sont presque deux Mauriciens sur dix qui cherchent un emploi dans un secteur d’avenir et un Mauricien sur dix qui n’hésite pas à démissionner pour se consacrer à une activité qui lui corresponde. Ces initiatives sont d’ailleurs plus marquées chez les plus jeunes (générations Z et Y). Mais aussi l’envie d’ailleurs, malgré un contexte international morose, les agences facilitant l’émigration, notamment vers le Canada, restent très actives. Bien que la situation soit souvent pire en matière sanitaire dans les autres pays, les Mauriciens envisagent le départ. Ce sont tout de même 13% des Mauriciens qui déclarent chercher un emploi à l’étranger. La diaspora mauricienne est déjà bien établie à travers le monde et il semblerait que le contexte actuel ne soit pas un frein au départ, voire elle l’encourage. Les campagnes de soutien à l’émigration sont toujours d’actualité en promouvant notamment le Canada ou l’Australie.